Interview People at work #12

Dialogue social : mythe ou exploit olympique?

Si la France est réputée pour s’être dotée de l’un des meilleurs systèmes sociaux au monde, elle l’est également pour disposer de l’un des plus exigeants Codes du Travail. En revanche, elle l’est beaucoup moins pour la qualité de son dialogue social, souvent interrompu ou terni par des grêves plus ou moins longues et impactantes pour son économie et sa cohésion sociale. Si l’on en croit les statistiques – mais faut-il les croire? – parmi les pays de l’OCDE, la France serait en effet médaille d’or en nombre de jours de grèves, devant la Belgique, médaille d’argent, et le Canada, médaille de bronze (source Fondation Hans bocker susta – 200#-2010
On peut alors s’interroger :
À quoi sert-il de disposer d’un Code du Travail des plus imposants, dont l’objet principal “vise à équilibrer les relations entre salaries et employeurs, en assurant la protection des travailleurs tout en tenant compte des nécessités de fonctionnement d’une entreprise qui se doit de demeurer compétitive et des réalités contemporaines du monde du travail” (source: Lefebvre-Dalloz) – si l’on n’apprend que trop rarement aux parties prenantes, autrement appelées “les partenaires sociaux”, à DIALOGUER, avec empathie, avec sincérité, sans hypocrisie, dans le respect mutuel et une véritable écoute de part et d’autre?
Pourquoi ce « dialogue social » reste-t-il trop souvent l’apanage d’une équipe d’experts de la direction des resources humaines, plus ou moins enclins à l’empathie et à l’écoute, plus ou moins bien rodés a l’exercice et qui en font leur chasse gardée, voire leur raison d’être?
Et pourquoi l’entreprise est-elle souvent tentée, consciemment ou inconsciemment, de réserver l’exclusivité de ce dialogue social à ses “experts”, au lieu de former ses managers pour qu’ils se l’approprient et en maîtrisent toutes les composantes, condition sine qua non d’un climat social apaise de qualité?
Bref: Ce dialogue social serait-il tout simplement un mythe, à savoir “Imaginaire, dénué de valeur et de réalité” (définition du Larousse)?
Ne nous étonnons pas alors que, dans ces conditions, des syndicats aspirent à se servir d’évènements à fort impact, tels que les prochains Jeux Olympiques, pour faire entendre leurs voix et leurs revendications, comme ce fut le cas lors du Tour de France de 1982 ou de la Coupe du Monde de football en 1998. Plutôt que de viser à “interdire l’usage du droit de grève” dans ces circonstances dites stratégiques, et sans pour autant en cautionner systématiquement les manifestations, ayons l’humilité de reconnaître qu’elles sont la plupart du temps l’expression de l’absence dun véritable dialogue et aspirons a réaliser un exploit olympique: celui de remporter un jour la Médaille d’Or du dialogue social. L’entrainement commence demain!•